jeudi 15 décembre 2011

Côtes d'Auvergne AOC !

Aujourd’hui est un grand jour pour les Côtes d’Auvergne : le 15 décembre 2011, les premières bouteilles AOC Côtes d’Auvergne sont mises à la vente. Une AOC que l’on attendait depuis 1989 ! Alors plus de 20 ans d’attente, ça se fête. Et comment ? En allant voir Jean-Pierre Pradier le vigneron qui, en tant que président du Syndicat des Côtes d’Auvergne, a mené les négociations pendant toutes ces années pour obtenir l’AOC. J’avais très envie de lui consacrer un article car c’est un peu mon papa vigneron auvergnat. C’est auprès de lui que j’ai beaucoup appris, non seulement sur l’appellation (c’est lui, la mémoire du vignoble) mais tout simplement sur ce que cela signifie d’être vigneron sur une petite exploitation. Enfin, nous clôturerons l’article par une petite dégustation filmée du millésime 2011.  


Jean-Pierre Pradier


Jean-Pierre Pradier est l’aîné d’une fratrie de 4 enfants dont le père est agriculteur en polyculture. Il possédait 1/3 de vignes, 1/3 de verger (pommes essentiellement) et 1/3 de céréales. Il y a 40 ans, c’est à l’aîné qu’incombait la charge de travail dans l’exploitation familiale. C’est une expérience marquante, Jean-Pierre avoue qu’il ne le faisait pas toujours « le sourire aux lèvres ». Je ne peux m’empêcher de vous raconter une anecdote à ce sujet dont il garde encore la trace sur son postérieur. Oui, Jean-Pierre, je sais, cela va jaser dans le vignoble… A l’époque de son adolescence, il avait beaucoup d’amis et son père ne voulant pas qu’il parte faire les 400 coups, l’enfermait dans la maison. Jean-Pierre décide de braver l’interdit paternel en s’échappant par le lanterneau du toit mais manque de chance, il est tombé et le carreau lui a lacéré la chair de son postérieur ! 

Marqué (au sens figuré comme au sens propre) par l’histoire familiale, il s’oriente vers un BTS Viti-Oeno au grand désespoir de son professeur principal qui le voyait universitaire car Jean-Pierre était un élève brillant. Pourquoi a-t-il choisi la viticulture, me direz-vous ? Si Jean-Pierre est un amoureux de la nature, sa connaissance (encyclopédique) de la flore, de la faune et de la géologie locales le démontre, il déteste mais alors il déteste vraiment la culture des pommiers. Les pommes oui, les pommiers non ! Jean-Pierre, lui, ce qu’il affectionne particulièrement, c’est la vigne. Pendant presque 10 ans (de 1982 à 1991), il va développer la place accordée à la vigne dans l’exploitation familiale. Lorsque son frère Marc le rejoint, en 1991, il n’y a plus que la vigne. Ils vont travailler ensemble jusqu’en 2005, date à laquelle il créé son domaine sur 5ha. En 2009, après plusieurs années de réflexion, il décide de se convertir à la viticulture biologique. 


Corent versant sud photo de J.P. Pradier

Aujourd’hui, les parcelles de vignes du Domaine des Trouillères sont plantées sur 3 terroirs au centre de l’appellation des Côtes d’Auvergne. La moitié (2,5ha) se situe sur les coteaux de l’ancien volcan de Corent, le reste sur les coteaux de la Montagne de Strass et du Puy de Marmant. Jean-Pierre possède 1ha en Chardonnay, 1ha en Pinot noir et 3ha en Gamay (Auvergne et Beaujolais). Les cuvées du domaine sont les suivantes : 

Annolium blanc, 100% Chardonnay, c’est un joli vin floral et fruité. On retrouve les fleurs blanches, la poire et les agrumes. C’est plein de finesse.
Annolium rouge, 90% Gamay et 10% Pinot, une magnifique couleur grenat ! Si vous voulez savoir ce que signifie une robe grenat pour un vin, il faut regarder (ou plutôt admirer) celle de l’Annolium de Jean-Pierre. C’est un vin de copains (du moins les miens qui en ont tous bu) ! C’est franc, droit, une corbeille de fruits rouges, des épices et des tanins qui glissent sur la langue comme de la soie.
Corent rosé, 100% Gamay, qui a dit que le rosé n’était pas un vin de terroir ? La preuve par le verre. Ce vin nous offre une belle gamme d’arômes fruités : petits fruits rouges, fruits exotiques, agrumes mais aussi de la minéralité et des… épices douces, marque de notre terroir volcanique.
Montagne de Strass blanc, 100% Chardonnay, c’est un vin taillé pour la garde. Hé oui, il n’y a pas que les Bourguignons qui savent faire des Chardonnay de garde. D’ailleurs, celui-ci a été confondu à l’aveugle avec un Saint Romain… Un vin ample et riche avec des notes d’élevage en fût : vanille, brioche.
Montagne de Strass rouge, 50% Gamay et 50% Pinot. C’est un vin qui a de la chair, de la matière, de la sensualité. Ce vin, c’est croquer dans un fruit mûr rafraichissant, des épices qui titillent vos papilles et tes tanins soyeux comme une caresse.

Nous ne pouvions pas terminer cet article sans faire une dégustation filmée de ce nouveau millésime AOC. Dégustation sur cuve de l'Annolium blanc 2011. On a l'air très sérieux mais c'est notre grande première à tous les 2, alors on ne rigole pas !





* Les photos de cet article et de l'article sur l'appellation des Côtes d'Auvergne sont de Jean-Pierre Pradier. Il est aussi un peu photographe, et oui, il a plein de talents cet homme. 



                                                                                                                      


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